Inégalités spatiales en santé
Le thème est devenu légitime avec la montée du mouvement de la démocratie en santé, les Plans Régionaux de Santé, puis plus tard la création des Agences régionales de Santé.
L’idée centrale consistait à améliorer la santé des plus défavorisés… restait encore à mettre en pratique ! Il était évident que la localisation de ces populations était un critère important. Mais pourquoi ?? Bien entendu parce que la ségrégation spatiale est très importante en France (et en général dans le monde) : le niveau de richesse, de diplôme, l’emploi (ou non), sont très fortement liés, et conditionnent votre lieu d’habitation. L’Île-de-France est un exemple de l’intensité de cette forme de criblage, ou de ségrégation, où l’on trouve à quelques centaines de mètres ou quelques kilomètres les uns des autres, des pauvres et des riches, très pauvres ou très riches.
Mais ce n’est pas tout… L’âge est un facteur également très lié à la santé (et à la mortalité…). Les structures spatiales du logement, avec leurs strates de types d’habitats, leurs centres anciens rénovés ou non, leurs lotissements successifs, leurs couronnes de néo-ruraux travaillant en ville, dessinent une image du niveau de santé. Car à l’échelle des populations le niveau de santé baisse régulièrement avec l’âge. Les zones rurales agricoles, habitées aujourd’hui largement par des retraités de l’agriculture, dont les services sont partis graduellement, puis les écoles, présentent un profil spécifique. On y trouve un niveau de mortalité élevé, puisque très logiquement on meurt lorsque l’on est vieux. On y trouve un niveau de pathologies chroniques élevé, puisque comme on l’a vu ce niveau augmente graduellement avec l’âge. Ces zones semblent donc en mauvaise santé, alors qu’à âge égal c’est bien moins vrai.
Mais comme nous le montrons dans la partie consacrée à la prévention, ce qui importe principalement pour agir n’est pas de savoir « ce qui serait si… » mais bien « ce qui est car… »